Bruix-A Cerbère

Cerbère Portbou

Art Radiophonique Paysage Sonore Acousmatique Improvisation Musique Mixte Lutherie Électronique

En souvenir de la traversée des Pyrénées par les Républicain.es espagnol.es en 1939

Cette nouvelle rencontre sonore pour aborder les nouvelles formes de composition, d´interprétation et de diffusion qui sont apparues avec les techniques de reproduction mécanique, « le déclin de l´aura », est l´occasion de révéler l´ oeuvre radiophonique du Philosophe Allemand Walter Benjamin. Une centaine d´émissions, sous forme de contes, le « Horspieles », « Radau um Kasperl »  dont seules 2 restent, ont été réalisé dans les studios des radios de la République de la Weimar à Frankfort et à Berlin en connivence avec Bertold Bretch.

Voix Walter Benjamin

Nous remercions Philippe Baudoin de toutes les informations aussi précises que précieuses qu´il nous offre sur France Culture et dans son libre Au Microphone : Dr Walter Benjamin aux Édition de la Maison des Sciences de l´Homme.

Un peu d´histoire

Du Phonogramme à la Lutherie Électronique

L´ invention du phonographe par Thomas Edison en 1875 a permis la reproduction d ́ un son en l ́ absence de sa cause, la distanciation de l´instrument, la possibilité de fixer, découper analyser le son et l´ inscription sur l´ espace donc la possibilité d´ inverser le sens du temps (1). En 1920, Lev Termen (Léon Theremin) et Maurice Martenot, violoncelliste, ingénieur et radio-télégraphiste dans l´armée, vont exploiter la musicalité et la pureté des ondes à transmission sans fil la T.S.F. . Le Théremin et le Martenot sont les premiers instruments électroniques conceptualisés à partir de tubes radio produisant des oscillations à deux fréquences d’ondes sonores au-dessus de la gamme de l’audition qui par superposition vont produire une fréquence audible inférieure égale à la différence de leurs taux de vibration.

L´occasion pour Jean Loup Dierstein, le sorcier français de la lutherie électronique avec la complicité de son assistante Brigande, de présenter les modifications qu´il a apportées sur le Martenot pour une ré-édition des ondes musicales : l´ Onde Dierstein sur laquelle joue Lartigau.

La soirée se poursuivra par une dégustation de vins bio des domaines de La Pampa et des vins nature de La Pedra Pintada dans la salle panoramique de l´Hôtel.

Les rencontres se prolongeront le vendredi matin avec un atelier d´écologie acoustique sur la frontière et le samedi soir avec une sélection Dub de WellWellSound sur le front de mer de Portbou.

Cette immersion sonique face à la mer célèbre la première École d´Art ouverte aux femmes le Bahaus au Belvédère inspiré de l’architecture navale et construit entre 1928 et 1932. Cet édifice, classé aux Monuments Historiques en 2002, est l´œuvre de l´Architecte catalan de Saint Paul de Fenouillet Léon Baille commandité par Jean-Baptiste Deléon, arrière grand-père de l´actuel propriétaire Jean Charles Sin que nous remercions ainsi que toute son équipe pour nou.e (xyz) accueillir avec autant de convivialité … de patience et d´ouverture d´esprit.

Entrée Libre

Programme 

26/09/2019

Le Belvédère du Rayon Vert Cerbère

17:00        Ouverture des portes.  Passage radiophonique.

« Radau um Kasperl »  

Horspieles conte radiophonique de Walter Benjamin .

De la même manière que Bretch, Benjamin entrevoit dans la radio, le moyen « révolutionnaire » de modifier le rapport du public à la culture, à la politique, à la vie quotidienne si on transmet à travers elle un savoir vivant et et critique. Il s´agit, en d´autres termes d´éveiller, voire de réveiller l´auditeur en transformant son attitude consumériste en une écoute résolument active et émancipatrice. (2)

17:30        Débat 

Mutation

Composition Interprétation Improvisation

18:00       Concert 

« Brève » (1957-58) pour ondes seules de Sylvano Bussotti par Cécile Lartigau :

Le compositeur italien Sylvano Bussotti (1931) a suivi les cours privés de Luigi Dallapiccola, Max Deutsch et Pierre Boulez entre autres. Né dans un milieu où l’art occupe une place centrale, il pratique la peinture, le dessin, la poésie, le piano, la scénographie ; il compose pour le théâtre, réalise des courts métrages et fait des expériences en tant que récitant.

Breve est sa première œuvre présentée au public. Elle fut créée à la Galerie 22 de Düsseldorf par l’ondiste Françoise Deslogères, en présence de John Cage, lors de sa tournée européenne en 1958. Si Bussotti utilise d’abord les formes établies de l’Histoire de la Musique, il opère, sous l’influence du compositeur américain, sa conversion vers l’aléatoire. Breve, très proche de l’esthétique cagienne de la même époque (cf son Concert pour piano, 1957-58) est composé de quatorze fragments, de notation plus ou moins graphique, dont le nombre et l’ordre sont au choix du musicien.

Quand j’exécute cette œuvre, je suis à la fois interprète et improvisatrice.

Devant le foisonnement d’informations suggérées par cette notation, j’ai dû faire des choix de nature différente. En tant qu’interprète, j’ai sélectionné certains fragments et j’ai réécrit celui dont la notation était la plus libre, tout comme David Tudor, le pianiste privilégié de Cage, a également pu le faire. Mais je n’ai pas ordonné ni fixé les neuf fragments retenus, ainsi j’ai choisi de me laisser la liberté d’« improviser » la forme, la durée, le déroulement narratif, la mise en scène de ces fragments qui sont autant de personnages. Dans mon travail, j’ai davantage une posture d’interprète, pour autant, mon rapport à la partition de Breve reste fondamentalement différent au moment de la jouer : celle-ci est plus un guide, un plan ou encore un parcours émotionnel qu’une partition à proprement parler. Dans cette pièce, j’interprète le contenu mais j’improvise en temps réelle la forme. En intégrant la notion d’aléatoire à la composition, Bussotti, comme Cage, interroge les notions d’interprétation et d’improvisation : sont-ce des pratiques opposées et distinctes ?

Ou la frontière entre les deux est-elle bien plus poreuse qu’on ne l’imagine ? 

Musique Mixte

Dans une enclave entre les falaises couleur rouille des Albères et la Mer Méditerranée se situe un village traversé par les voix du chemin de fer et de la Tramontane Cerbère.

Cervera territoire des cerfs, chimère à trois têtes, refuge de pirates, restes de vestiges de l´ère du fer, symbole de révolution féministe, passage clandestin,  frontière d´une Catalogne déchirée par le Traité des Pyrénées et 40 ans de dictature.

Sur les pièces composées dans l´immersion de ces sons doués de valeur archétypale et symbolique, Cécile Lartigau improvise sur les Soundscapes de kOzn.

BorderLine 8.24´

Paysage sonore composé à partir de captures sonores de part et d´autre de la frontière, relèvent les différentes strates qui composent le paysage sonore; Androphonie des sonorités métalliques des voix de chemin de fer, Géophonie du chant du vent à travers les rambardes de la traversante et du mouvement ondulatoire de l´eau et du feu à la Casa Quemada et son environnement Biophonique.

De le Poudre aux Yeux  15´

Pièce Radiophonique composée à partir de prises de son sur le Site Naturel de l´Anse de Paulilles (Port Vendres) dans le cadre du micro-projet transfrontalier « Ganta2 » lancée par Flashback de Perpignan. Cette collecte de témoignages, de lectures et de création sonore rend hommage aux vietnamiens, que l´on appelait Annamites, réquisitionnés pour venir, du Tonkin, travailler à l´usine de dynamite Nobel durant la première guerre mondiale. Cette pièce partie de l´oeuvre « Memoria Col.lectiva » questionne la construction des personnes nées dans un environnement culturel différent de celui de leur origine.

1906 Usine de dynamite Nobel de Paulilles.

« Les Chasseurs De Trains » 21´ de Mickaël Filler

Avec le soutien de la SCAM  “Brouillon d’un  Rêve Sonore”

La chasse aux trains se pratique seul, à l’affût, sur le bord d’une voie ferrée. Passion et patience sont les qualités premières du bon chasseur. Il faut savoir rester discret et ne jamais s’approcher trop près de la voie! Attendre alors des heures, avec l’espoir de capturer le « Saint Graal » ; un train pas comme les autres, une espèce en voie de disparition, un survivant qui aurait échappé à la réforme. Le ferrovipathe, « trainspotter » en anglais, est une espèce à part. C’est un rêveur (assurément), ou un poète qui s’ignore. Il court derrière des trains et tente de retrouver les wagons de son enfance. On peut aussi être ferroviphile et exercer sa passion en groupe, privilégier l’élevage miniature à la chasse grandeur nature. On fabrique alors des maquettes, avec des arbres et des maisons, pour faire tourner en rond tout ce petit monde. Les chasseurs de trains est une pièce sonore ferroviaire, un peu documentaire, un peu électroacoustique, mais c’est d’abord la rencontre (et l’amitié) improbable entre deux passionnés, deux solitaires. Un preneur de sons et un photographe, qui se sont trouvés dans une gare, naturellement.

19:30      Dégustation de Vin Écologique de la Côte Vermeille                            

20:00     Buffet dans la salle panoramique du Belvédère

« L’évolution historique a éliminé le récit du domaine de la parole vivante, et en même temps rendu sensible, dans ce qui ainsi disparaissait, une beauté nouvelle ». Walter Benjamin (Œuvres, III, 120)

Présentation des Intervenants

Cécile Lartigau – Paris

Cécile Lartigau est une artiste singulière, jouant des ondes Martenot. Elle est fascinée par la philosophie de John Cage qui ouvre une voie vers une émancipation de l’interprète. Cela crée et prolonge sa triple vocation d’interprète, d’improvisateur et de musicologue, trois activités qui se confondent en un seul désir de création. Elle est l’une des musiciennes les plus rigoureuses dans le respect des partitions musicales et affirmant à la fois une identité artistique puissante et reconnaissable.

Première violoniste, Cécile a commencé à étudier les Ondes Martenot en 2011 avec Valérie Hartmann-Claverie. En 2019, elle obtient un master en ondes Martenot du Conservatoire National Supérieur de Musique de Paris et est soutenue par plusieurs fondations en France. Elle prépare actuellement un Diplôme d’Artiste au Conservatoire National Supérieur de Musique de Lyon. Musicologue, également titulaire d’une maîtrise depuis 2017, elle étudie l’indétermination dans la musique de John Cage et Sylvano Bussotti

Interprète impliquée, Cécile s’attache à mettre en lumière des chefs-d’œuvre pour les ondes Martenot en solo, en musique de chambre et avec orchestre (de Bussotti, Ballif, Murail, Jolivet, Messiaen…).

Elle a redécouvert la première œuvre composée pour les ondes par le compositeur grec Dimitrios Levidis et elle est actuellement la seule à la jouer dans le monde entier. C’est un chef-d’œuvre pour ondes et orchestre appelé Symphonic Poeme, une esthétique métissée aux sonorités tantôt orientales, tantôt proche de la musique française du début du XXe.

A la recherche de nouveaux sons, Cécile improvise et explore différentes voies aux côtés d’Alexandros Markeas, Vincent Lê Quang, Joëlle Leandre entre autres. Depuis 2018, elle joue dans Tout ce qui s’est passé et se passerait, la nouvelle production de Heiner Goebbels. Elle fait partie de plusieurs groupes dont un trio batterie-accordéon-ondes, The Mayfield, le groupe de Goebbels, et un nouveau quintette avec guitare électrique, Cristal Baschet, percussions, voix et ondes Martenot.

Cécile a joué dans toute l’Europe (France, Allemagne, Grande-Bretagne, Italie, Suisse, Espagne, Autriche, Slovénie …) ainsi qu’aux Etats-Unis, en Russie et en Colombie avec des chefs d’orchestre tels que Teodor Currentzis, Kazushi Ono, Christoph Maria Wagner et Michel Wendeberg. Elle s’est produite avec l’Orchestre Philharmonique de Slovénie, MusicAeterna, l’Orchestre de l’Opéra de Lyon, l’Ensemble E-Mex et a également travaillé avec le chorégraphe Saburo Teshigawara. Elle a participé à des festivals célèbres tels que Festival Messiaen (FR), RuhrTriennale (DE), Diaghilev Festival (RU), Transeuropa (IT).

En 2021, Cecile a créé la Symphonie Turangalîla d’Olivier Messiaen à Ljubljana avec l’Orchestre Philharmonique de Slovénie, Michael Wendeberg (chef d’orchestre) et Sae Lee (piano) et l’opéra Revelo de Marco Suarez à Bogota. La même année, elle enregistre Pièces de Chair II de Sylvano Bussotti avec l’Ensemble E-Mex à Cologne.

Cécile joue sur l´ onde de Jean-Loup Dierstein et une palme Léo Maurel.

kao zen– Cerbère.

Initiè à la musique expérimentale par son frère Stéphen Huguenin, à la scène underground des années 80, aux courants artistiques du Fluxus, le Pop Art m´a fait prendre conscience des modèles et des idées qui ont besoin d´être unifiés pour expérimenter de nouvelles formes de composition et de diffusion du son pour le spectacle vivant, l´installation, la radio, le cinéma.

De formation initiale en biologie, la proximité de la Mer va attirer mon attention sur la contamination sonore des milieux aquatiques et orienter mes recherches sur l´Écologie Acoustique, la composition de Paysage Sonore, le « Soundscape » conceptualisé par Murray Schafer et aussi sur La Musique des Particules du chercheur indépendant en physique théorique et en biologie moléculaire Joel Sternheimer (Evariste).

Le citer : « Les Protéodies dont l´application représente une alternative à l´utilisation de la chimie et aux manipulations génétiques, nous amène à s´ interroger sur la place laissé au sujet dans la science et dialoguer avec le vivant. »

Mikaël Filler – Perpignan France

Issu du milieu du théâtre, avec une formation d’acteur et un attrait pour la mise en scène, autodidacte Mikaël créer des sons pour ses propres projets pour finir par plonger totalement dans le son. Après une formation de composition en musique acousmatique au conservatoire de Perpignan, il s’oriente dans une pratique libre et décloisonnée de la création sonore. Il réalise des pièces radiophoniques (documentaires de création et essais), des compositions électroacoustiques, des improvisations électroniques et compose pour des applications telles que le théâtre ou les arts visuels. Il fait également partie du collectif Radio O, radio internet dédiée à la poésie contemporaine.

Jean Loup Dierstein Paris.

Outre l’entretien d’instruments analogiques, hybrides analogiques/ numériques ou entièrement numériques, Jean-Loup a une préférence pour la création : modification ou fabrication et réalisation. C’est ainsi qu’il réalise la midification d’instruments analogiques pour les concerts de Jean-Michel Jarre à Houston (1986), Lyon (1986) et Paris (1990). Il réalise des commandes de robots via Midi, dont le prototype Meta Instrument (Serge Delaubier). Sans oublier des lecteurs de cartons perforés pour Orgue de Barbarie. En 2011, Jonny Greenwood du groupe Radio Heads lui passe commande d´une Onde Martenot que Dierstein ré-édite depuis dans son atelier à Paris.

Eljo Wellington, WellWellSound, Paris

Compositeur, producteur et Sélecteur aux nombreuses influences de King Tubby, Lee Scrach Perry, Scientist, à Joe Meek, Krafwerk, ou encore RZA. Il prend d’ailleurs un malin plaisir a réadapter des classiques en 8-bit, et explore aussi d’ autres styles musicaux comme le Hip-Hop, ou le Dubstep. Il travaille actuellement sur différents projets et avec des artistes comme Don Camilo, pour de nouvelles productions.

Bibliographie :

(1) Heinrich Marie-Noëlle : Création musicale et nouvelles technologies : quelle rencontre possible ?. In: Quaderni, n°48, Automne 2002. Le risque : les choix technopolitiques. pp. 41-51.

(2) Philippe Baudouin : Au Microphone : Dr. Walter Benjamin. Walter Benjamin et la création radiophonique Edition de la Maison des Sciences de l´Homme, 2009. p.94

Brecht et Benjamin au microphone : une approche esthétique du théâtre radiophonique. Revue Théâtre/Public (n° 199 à paraître en mars 2011)

Walter Benjamin : L´oeuvre d´art à l´époque de la reproductivité technique.

Sylvano Bussotti

© Ircam-Centre Pompidou, 2016

Informations pratiques contacter bruix.asso@gmail.com

Bruix-A

Ecologie Acoustique

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